Le Rebelle
Roman noir
152 pages
Parution: mars 2003
ISBN: 2910441024
Le Rebelle raconte l'histoire d'une vie, un itinéraire singulier et atypique. Il s'agit - forcément - d'un roman noir.
Le héros n'en est pas un, bien au contraire, mais il revendique et assume sa rébellion face à une société envahissante et hypocrite, face à la méchanceté et à la médiocrité des hommes, face aussi à la solitude. Le combat qu'il livre, évidemment sans issue, voué à l'échec, apparait en contrepoint, en quelque sorte comme une image en négatif, de l'ordre moral établi ou d'un modèle idéologique. Pour mieux stigmatiser l'absurdité du monde dans lequel nous vivons et inviter ainsi à méditer sur la notion du bien et du mal...
Dans une langue incisive, percutante et juste, enrichie d'un humour à froid volontiers provocateur, Hervé Pijac offre ici une réflexion psychologique, quasi-métaphysique, qui dérange et interpelle ! Son personnage ne se situe-t-il pas, d'ailleurs, dans la lignée philosophique de Raskolnikov, le héros dostoïevskien de Crime et Châtiment ?
Enfin, la genèse inattendue du roman et sa construction originale contribuent amplement à l'atmosphère insolite qui l'entoure.
Qui est le héros ? Nul ne le sait et à aucun moment il n’est nommé dans le roman, bien que le lecteur pénètre dans le tréfonds de son âme. Une âme torturée qui imagine un scénario démoniaque, rappelant le héros de Dostoïevski dans Crime et Châtiment, pour se venger de l’absurdité de l’existence, se croire libre en intervenant sur la « comédie humaine » à travers une manipulation macabre, et en se situant à un niveau supérieur dans un détachement total.
Sa quête désespérée de la liberté, au sens philosophique du terme, aboutira-t-elle, après un nouveau pied de nez à cette société qu’il abhorre, à l’acceptation de sa nature profonde et de cette révolte permanente qui l’habite ?
Quant à « Elle », la femme aimée, elle comprendra certainement car l’Amour permet de comprendre tout, même et surtout l’incompréhensible, mais saura-t-elle accepter son besoin viscéral de liberté ?
Dans un style fluide, une critique acerbe de la société qui rappelle Céline et avec un humour étrange, l’écrivain nous entraîne grâce à une précision d’entomologiste à travers une étude fine, quasi psychanalytique, dans le fond de l’âme de son héros ; un héros qui promène, tel une caméra, son regard froid et désabusé sur le monde et refuse de s’y adapter dans un orgueil démesuré en « se marrant » car « il n’est pas de ce monde ».
Lui sera-t-il possible de résister à l’influence maléfique de ces forces obscures qui le manipulent, lui aussi, tel un jouet ?
~ C.